Le promeneur

 

 
 
 

 

 

 

Le promeneur                             

 (Il arrive tranquillement, les mains dans les poches). Bonjour ! Vous vous promenez aussi ? Moi, j’adore ! Je me ballade, ça passe le temps... J’observe, je regarde, je mate ! (Il dévisage les spectateurs) Et de temps en temps, je fais mes courses. Houep ! Tout comme vous.

J’étais hier dans le petit hyper de mon quartier. J’attendais à la caisse. Vous avez remarqué qu’on y avance comme des manchots ? (Il fait 3 pas, jambes serrées, les bras le long du corps). En poussant le panier avec le pied. Hop, hop, hop, But !

Enfin, j’arrivais au tapis roulant. Ouaih ! (Il lève les bras en V).

Vous avez constaté que les tapis rétrécissent ? Moi, j’ai compris pourquoi. C’est pour nous faire croire que nous en avons toujours pour notre argent. Ben oui, les prix ont tellement augmenté, qu’aujourd’hui vous avez un panier rempli pour le prix d’un caddie plein d’hier. Vous l’avez vu aussi ?

Je reviens au tapis. Le jeu consiste à déposer tous nos achats sur une micro-surface ; quitte à les superposer, sans qu’ils dégringolent lorsque le tapis avance !

(Il mime la construction d’un tas de boites) Oh là, là, pas facile ! Vous êtes comme moi ? Quand tout est mis, vous êtes fier de votre travail ? Ah ! J’ai bien aligné les boites. Entre nous, on ressemble à un gamin avec son jeu de construction. J’ai pas raison ? Ma voisine devant moi, avait elle aussi réussit son jeu de construction. 

Rien ne débordait. Les articles étaient bien alignés et allaient atteindre le bout du tapis. La caissière souriante, après avoir dit ‘bonjour’, étendait même la main vers le premier article, quand soudain !

Elle a surgi de nulle part, pour se placer juste devant ma voisine. Qui ? Une femme au ventre arrondi, voulant faire reculer le tapis !

Le tapis refusait d’obéir et continuait d’avancer. Alors la femme enceinte repoussa de la main les articles de ma voisine et posa ses propres achats. Nous fûmes surpris par cet ouragan. De plus, ma voisine semblait contrariée, constatant sa construction démolie. J’entendais ses grognements. En clair, elle disait ‘T’as cassé mon tas, grrrrr !’

Rien ne débordait. Les articles étaient bien alignés et allaient atteindre le bout du tapis. La caissière souriante, après avoir dit ‘bonjour’, étendait même la main vers le premier article, quand soudain !

Elle a surgi de nulle part, pour se placer juste devant ma voisine. Qui ? Une femme au ventre arrondi, voulant faire reculer le tapis !

Le tapis refusait d’obéir et continuait d’avancer. Alors la femme enceinte repoussa de la main les articles de ma voisine et posa ses propres achats. Nous fûmes surpris par cet ouragan. De plus, ma voisine semblait contrariée, constatant sa construction démolie. J’entendais ses grognements. En clair, elle disait ‘T’as cassé mon tas, grrrrr !’

Alors d’un mouvement de tête, la femme désigna le panneau avec son menton. (Il tourne la tête et la lève) Comme ça ! C’était la caisse réservée aux handicapés !  (Il s’adresse aux spectateurs) Quoi, oh ! J’avais pas vu ! Quand je marche, je ferme les yeux !

Et moi, diplomate, je murmure à ma voisine, ‘Ouf ! Ce n’est pas une bande organisée.’ Je me suis pris un regard révolver, de la part de la future mère !

Touché en plein cœur d’un seul coup !

Enfin l’hôtesse de caisse finit d’évacuer les achats envahisseurs, ma voisine réorganise ses articles, Calamity Jane paye. Et d’un mouvement d’athlète de lancer de poids, elle bascule son énorme sac dans le dos. Et là je me dis : un devant, un derrière, parfait équilibre ! Quoi encore ! 

J’suis pas responsable ! Heureusement, car elle n’avait pas l’air commode.

Elles ne sont pas toutes comme ça. N’est-ce pas, Mesdames ? (Il dévisage les femmes) Oui, vous avez l’air plus souriant. Tiens l’autre jour, j’arrivais à une station de bus.

Il y avait deux ados étalées sur le petit banc, en train de manger un sandwich. Devant elles, faisant les cent pas, une autre femme au ventre très rond. (Il fait un aller retour à grandes enjambées) Et là je me dis, ‘Mince, elles sont dopées nos mères porteuses ! Elle ne voudrait pas s'asseoir... par terre ?’

Le sandwich fini, les ados ont quitté leur banc, le bus est arrivé et la future mère y est montée. Question : les dames âgées laissent-elles leur place dans le bus, en souvenir de leur propre maternité ?

Quoi, moi ? C’est curieux, je deviens sourd et aveugle quand je suis assis.C’est une maladie intermittente. Mais j’ai une bonne excuse. Ma mère a fait du saut en parachute en m’attendant. Maintenant j’ai le vertige quand je suis debout. (Il vacille vers les spectateurs) Oh là là ! Attention devant…

Sa voisine faisait de la danse classique. Elle ne voyait pas le bout de ses chaussures, alors avec les pointes… (Il se met sur la pointe des pieds, gonfle son ventre et se penche en avant) Quelqu’un a un sac ?

A ma sœur, ma mère a dit ‘La grossesse, c’est pas une maladie !.... Bien sûr que tu peux faire de saut à l’élastique !’

En fait ces mères là se vengent par avance. Elles savent qu’elles vont en baver pendant trente ans renouvelables.

Mêmes les pubs TV le montrent avec des enfants odieux ou hystériques. Pire, quand une grand-mère se plaint de ses petits-enfants qui n’attendent que l’héritage.

‘Dis mémé, c’est quand tu meures ?’ Franchement avec tout ça, vous faites preuve de courage Mesdames d’en mettre de nouveaux au monde !

(Le téléphone sonne ou vibre) Allo ? Maman ? Mon linge est prêt ? Tu veux venir me l’apporter ?

Oh t’embête pas, je peux dîner avec toi. Qu’est-ce que tu prépares ce soir ? Ca me va. Tu n'oublies pas les... Super, comme quand j'étais petit ! A ce soir, alors.

Moi aussi, je t’aime maman. 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Sketch de Valérie Kulig

 
Mentions légales Legal notices Contactez-nous Contact us Site map, table des matières